En 2013, la Ugly Animal Preservation Society nomme le Blobfish l’animal le plus laid du monde. Son objectif : attirer l’attention sur une espèce dont on parle trop peu. Mais est-il vraiment laid ?

Avec ce cliché devenu viral du poisson, le monde n’a pas tardé à acquiescer, et à repartager la photo en masse. Pourtant, ce portrait est loin de lui être fidèle, car il représente en réalité le Blobfish…mort, dans un état que l’on pourrait qualifier de « décomposition ». La photo en question date de 2003, après la capture de l’animal – parmi d’autres – lors d’une expédition scientifique pour explorer les fonds de l’océan Pacifique, entre l’Australie et la Nouvelle-Zélande.

À quoi ressemble réellement le Blobfish (1)
© Alan Riverstone McCulloch (1885-1925) – Wikimédia commons

Matthew DAVID, professeur de biologie spécialisé dans l’évolution des poissons à l’université d’État de Saint-Cloud, dans le Minnesota, explique que les animaux des profondeurs qui sont remontés en surface subissent de nombreux dégâts corporels.

En effet, le Blobfish vivant dans les abysses, il est habitué à un environnement dénué de lumière, où la pression océanique est très forte – ce qui conditionne sa forme, et avec des températures très basses, pour ne pas dire glaciales. Nageant ainsi entre 1 000 et 1 400 mètres de profondeur, la pêche du spécimen en 2003 l’a sévèrement « endommagé ».

C’est un peu comme s’ils réchauffaient un objet assemblé à la colle et que celle-ci se mettait à fondre.

Ben FRABLE, conservateur de la collection des vertébrés marins à l'Institut océanographique Scripps de San Diego
À quoi ressemble réellement le Blobfish (2)
© NOAA / MBARI – 2002
À quoi ressemble réellement le Blobfish (3)
© NOAA / MBARI – 2002

Ainsi, lorsqu’il est dans son environnement naturel, le Blobfish ressemble davantage à un gros têtard, avec une peau flasque à la place d’écailles – en partie maintenue par la pression de l’eau, une large tête, et un corps fuselé très faible en os et en muscles. Cette espèce se déplace lentement pour économiser son énergie et possède « une couche de tissu majoritairement composée d’eau qui apporterait une certaine structure et flottabilité ». Sa tête géante est idéale pour chasser.

Ils ouvrent alors leur bouche rapidement en créant un effet de succion pour engloutir leur proie, comme un petit poisson ou des invertébrés.

Ben FRABLE, conservateur de la collection des vertébrés marins à l'Institut océanographique Scripps de San Diego

Mais la roue tourne pour ce poisson longtemps méconnu et mal-aimé, lorsqu’il est élu en « poisson de l’année » en Nouvelle-Zélande, en avril 2025, par la société de protection de la biodiversité marine Mountains to Sea.