Le 21 janvier 2025, François SARANO, fidèle ami et ambassadeur de La Cité de la Mer, s’est exprimé dans un épisode du podcast « Chaleur humaine » de Nabil WAKIM, journaliste pour Le Monde, sur l’impact du réchauffement climatique en mer Méditerranée, une réserve naturelle riche et précieuse.

Docteur en océanographie, spécialiste des requins et des cachalots, plongeur professionnel et fondateur de l’association Longitude 181, François SARANO possède plus d’une voile à son mat lorsqu’il s’agit d’étudier l’Océan et les conséquences des défis climatiques auxquels cette source de vie doit faire face.

Dans cet entretien, François SARANO plaide pour une multiplication des réserves naturelles dans le bassin méditerranéen. Il est encore possible de sauvegarder la biodiversité de cette zone.

La Méditerranée est ce qu’on appelle en terme scientifique un « hot spot », littéralement un « point chaud » en français. Il s’agit des zones les plus touchées de la planète par le réchauffement climatique : dans le cas de la Méditerranée, celle-ci se réchauffe 20 % plus vite que le reste du monde.

L’ensemble de la région méditerranéenne depuis l’ère préindustrielle s’est réchauffé de 1,5 degrés en moyenne. C’est colossal.

Canicules, incendies, surpêche et augmentation de la température de l’eau…ces phénomènes engendrés par la perturbation du climat ont un impact direct ou indirect – et rapide – sur les écosystèmes du bassin méditerranéen et sur la population régionale qui compte 500 millions d’habitants.

Ce bouleversement du bassin méditerranéen affecte l’ensemble de la circulation océanique.

Lorsqu’on réchauffe l’eau, on modifie la densité de l’eau, donc les courants marins. Le réchauffement a des conséquences physiques et des conséquences biologiques.

Un autre facteur important, sur lequel François SARANO met un point d’honneur, est le temps. Pour 1m2 de biodiversité, il a fallu 1 000 ans d’évolution de la vie. Compenser les terrains dévastés par l’activité humaine en créant des zones réservées n’est pas suffisant.

Il faut laisser le temps au temps. On ne peut pas avoir un récif de 500 ans si on passe un chalut. […] Le vivant ne se hiérarchise pas.

Il faut laisser le temps à la biodiversité de se développer. Pour rattraper 1 000 d’écosystème, il faudra à nouveau attendre 1 000 ans pour retrouver cet écosystème.

Il faut trouver avec les autres vivants un ajustement qui fait que nous puissions vivre. Nous avons droit d’existence, nous les humains, nous avons droit de nous nourrir […] mais nous avons devoir de considération, devoir d’égards.

Si nous voulons sauver la biodiversité, pour nous sauver, il est nécessaire de réfléchir aux « dégâts collatéraux » des activités humaines. Nous avons une place au sein de l’écosystème planétaire, et ce grand bouleversement planétaire est une « une chance de nous replacer mieux au sein de ce vivant ».

Nous sommes vivants parmi les vivants. […] Donc il n’est pas question de tout arrêter. Il est question de réfléchir à la relation qu’on tisse avec les autres en l’ajustant.

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Pour en savoir plus, écoutez l’épisode complet du podcast Climat, biodiversité : comment sauver la mer Méditerranée.

© Photo : Aymeric Picot, La Cité de la Mer