Une épave mythique livre ses secrets… Pour la première fois, des objets ont été remontés de l’épave du HMHS Britannic qui gît à 120 mètres de profondeur au large d’Athènes en Mer Egée depuis plus d’un siècle.

Le HMHS Britannic est un paquebot de la White Star Line, construit sur le chantier naval Harland & Wolff. Il est lancé le 26 février 1914.

3e navire de la classe Olympic, il est le « sister-ship » de l’Olympic et du Titanic. Pendant la Première Guerre mondiale, la Royal Navy réquisitionne le navire pour le reconvertir en hôpital flottant.

Le 21 novembre 1916, alors qu’il navigue dans le détroit de Kea en Grèce, cap nord-est pour rejoindre la ville de Moudros, le paquebot heurte une mine allemande. Pourtant, sur une mer calme et claire, aucun élément suspect n’avait été repéré.

55 minutes plus tard, le Britannic coule à un peu moins de 120 mètres au fond de la mer Égée. Parmi les 1 065 passagers et membres d’équipage, 30 personnes sombrent avec lui.

Le saviez-vous ?

Parmi les membres d’équipage du Britannic se trouvait Violet JESSOP. Avant de travailler sur le Britannic en tant qu’infirmière, elle était femme de chambre à bord du Titanic. Elle a survécu miraculeusement aux deux naufrages.

L’épave du Britannic est découverte le 3 décembre 1975 par l’explorateur et commandant Jacques-Yves COUSTEAU à bord du navire de recherche Calypso. Il pénètre pour la première fois à l’intérieur de l’épave l’année suivante, avec l’autorisation des autorités grecques et en compagnie de Sheila MITCHELL, survivante britannique du naufrage.

Malheureusement, « en raison des médiocres performances des caméras sous-marines de l’époque », l’équipe de COUSTEAU ne rapportent que des images floues de l’état du navire.

Une nouvelle campagne d’exploration a lieu en 1995, afin d’examiner l’épave dans de meilleures conditions techniques. Une équipe plonge sur le site du naufrage avec le sous-marin habitable à propulsion nucléaire NR-1 de la marine américaine. Les engins télécommandés Voyager et Phantom sont utilisés pour enregistrés des images de l’épave. Voyager « était équipé d’une caméra capable de prendre des films en trois dimensions », ce qui permettait au poste de contrôle d’observer le navire comme s’ils plongeait eux-mêmes sur le site.

Début 2025, le ministère grec de la Culture a approuvé un programme de recherche sur le site du naufrage. L’organisation de cette recherche a été confiée à Simon MILLS, historien amateur britannique et fondateur de la Britannic Foundation. Les immersions sur l’épave ont été réalisées par une équipe de 11 plongeurs professionnels, spécialistes des grandes profondeurs, et sécurisées par Ioannis TZAVELAKOS, maître plongeur et passionné d’histoire, Evan KOVACS, plongeur de classe mondiale et explorateur passionné, et Richie KOHLER, auteur et explorateur d’épaves depuis 40 ans.

Mené du 6 au 13 mai sous la supervision et la direction du service compétent du ministère, l’Éphorie des antiquités sous-marines de Grèce, ce programme a permis de remonter les tout premiers objets de l’épave.

Afin de superviser et de coordonner les travaux de recherche, la réception des découvertes et la mise en œuvre des premiers travaux de conservation, trois membres de l’Éphorie, Evangelist DIONYSIOS, archéologue plongeur, Foussekis CHRYSA, conservatrice plongeuse, et Mersenier LOUIS, technicien sous-marin étaient présents tout au long de la mission.

Munis de caméras et de robots sous-marins, les plongeurs ont soigneusement remonté plusieurs objets du site de l’épave, parmi lesquels :

  • la cloche de l’observatoire du navire,
  • le feu de signalisation gauche,
  • divers objets provenant de l’équipement portable de 1re et 2e classes,
  • des carreaux de céramique provenant de la décoration du bain turc
  • et une paire de jumelles d’observation
Processus de remontée de la cloche du navire

D’autres objets initialement sélectionnés pour être remonté n’ont finalement pas pu l’être en raison de leur état de conservation et de leur emplacement. Par ailleurs, les conditions compliquées dues aux courants océaniques, à la profondeur et au manque de visibilité ont mené la vie dure aux plongeurs – mais ils ont tout de même complété la mission avec succès.

Les objets, remontés à l’aide d’airbags, ont été disposés dans des caisses spéciales pour leur protection et ont vécu un premier nettoyage. Les résultats des expertises des objets ont par la suite été transmis au laboratoire de l’Éphorie à Athènes pour conservation.

Une fois leur restauration terminée, les objets seront intégrés à l’exposition permanente du Musée national des Antiquités marines d’Athènes, dans la section consacrée à la Première Guerre mondiale où l’épave du Britannic sera l’une des pièces maîtresse.

Ce projet culturel d’envergure, financé par l’Union européenne et conçu par Tsolakis Architects, est actuellement en construction et ouvrira ses portes courant 2026. Situé à Pirée, grand port d’Athènes et principal centre industriel de Grèce, le Musée racontera le lien entre la Grèce Antique et la mer, et accueillera près de 2 500 artéfacts repêchés dans les fonds marins.