Les scientifiques du WoRMS (World Register of Marine Species ou Recensement mondial des espèces marines) ont publié le 12 mars dernier un rapport confirmant l’identification de 228 450 espèces marines dont 195 000 (86%) sont des animaux marins :
- environ 18 000 espèces de poissons identifiés depuis le milieu des années 1700 ;
- plus de 1 800 étoiles de mer et calmars ;
- 93 816 baleines et dauphins ;
- 8900 palourdes et autres bivalves.
Le reste sont des espèces de varech, d’algues et d’autres plantes, des bactéries, des virus, des champignons et des organismes unicellulaires.
Depuis 2008, plus de 1 000 nouvelles espèces de poissons marins ont été décrites, soit, en moyenne, 10 par mois : 122 nouveaux requins et raies, 131 nouveaux membres de la famille des gobies et une nouvelle espèce de barracuda vivant en mer Méditerranée.
Les experts internationaux ont, par ailleurs, supprimé de leur liste 190 400 espèces décrites plusieurs fois et apparaissant donc sous différents noms ! Une espèce d’escargot de mer avaient ainsi été 113 noms différents !
Basé à l’Institut flamand de la mer (Flanders Marine Institute ou VLIZ) en Belgique, le programme Worms est un triomphe dans le domaine de la collaboration scientifique internationale, permettant de constituer une liste unique et vérifiée de toutes les espèces marines décrites depuis les travaux pionniers de Carl Von Linné.
En 2014, 1 451 nouvelles espèces marines ont été décrites, soit une moyenne de 4 par jour. Parmi ces nouvelles espèces :
- Keesingia gigas : une méduse géante – venimeuse et sans tentacule – vivant aux large de l’Australie
- Mysidopsis zsilaveczi : une crevette vivant au large de l’Afrique du sud (voir photo
Même s’il reste encore quelques petites lacunes, nous considérons que, pour les espèces décrites au cours des siècles, le recensement est quasiment complet explique dit Jan Mees, président du Comité européen du Marine et directeur du VLIZ et co-président du WoRMS . Nous sommes, bien sûr, constamment à jour avec les espèces nouvellement décrites, les révisions de la taxonomie, ou l’ajout d’espèces auparavant négligées.
Le Dr Mees ajoute que, selon les estimations, plus de 10 000 nouvelles espèces conservées dans les laboratoires de recherche du monde entier sont encore en attente de description.
Étonnamment, explique Nicolas Bailly (Centre hellénique de recherche marine) et spécialiste des poissons au WoRMS : de nouvelles espèces de grands animaux sont encore régulièrement découvertes et décrites.
Ainsi, le mois dernier, le rouge rubis Phyllopteryx dewysea, une nouvelle espèce de dragon de mer vivant au sud de l’Australie a été décrite.
Il resterait entre 500 000 et 2 millions d’espèces marines à découvrir ! A raison de 4 espèces décrites par jour, il reste plus de 360 années de travail !
C’est frustrant de savoir que l’humanité ne connaît qu’une petite fraction de nos parents océaniques, peut-être 11% explique le Dr Mees. Le réchauffement climatique, la pollution et l’acidification des océans risquent de faire disparaître de nombreuses espèces avant que nous ayons eu la chance de les rencontrer.