Grâce aux flotteurs Argo Deep-Arvor développés par les équipes de l’Agence nationale de la recherche, l’Ifremer et le CNRS, les chercheurs récupèrent des mesures de température, de salinité et d’oxygène jusqu’à 4 000 mètres de profondeur. Objectif : établir plus finement le bilan thermique de l’Océan car une partie de la chaleur reçue par l’Océan demeure indétectée à ce jour…
Ainsi, en 50 ans, l’Océan – en absorbant plus de 90 % de l’excès de chaleur reçu par la Terre dû aux activités humaines – s’est réchauffé d’environ 0,8°C entre 0 et 2 000 m de profondeur.
Jusque-là, les données au-delà des 2 000 mètres étaient parcellaires, mais la nouvelle génération de flotteurs Deep-Arvor va permettre d’y remédier.
Ces flotteurs sont, en effet, paramétrés pour plonger jusqu’à 3 000 mètres de profondeur, y rester 10 jours, puis descendre à 4 000 mètres avant de remonter à la surface pour transmettre par satellite les données enregistrées.
À ce jour, sur les 4 000 flotteurs qui parcourent l’océan, seuls 96 plongent au-delà de 2 000 mètres. Parmi eux, 21 sillonnent les eaux profondes de l’Atlantique Nord, de l’Atlantique équatorial et de l’océan Austral.En 2020, 16 nouveaux flotteurs Deep-Arvor seront mis à l’eau dans l’Atlantique nord.
L’ambition du réseau international Argo est de maintenir en opération 1 200 flotteurs profonds dans l’Océan d’ici 5 ans.
Ce réseau dense de flotteurs profonds nous aidera à comprendre comment se répartit le signal climatique dans 100 % du volume de l’océan global, contre 50 % avec les flotteurs plongeant à 2 000 mètres, explique Virginie Thierry (Laboratoire Océan Hauturier et Interactions d’échelles océaniques d’Ifremer).
Les flotteurs Argo Deep-Arvor sont également équipés de capteurs mesurant la concentration d’oxygène dissous dans l’eau. De cette donnée, les scientifiques déduisent l’âge relatif d’une masse d’eau : plus elle est jeune et a donc eu un contact récent avec l’atmosphère, plus sa concentration en oxygène est élevée ; à l’inverse, plus elle est vieille, plus sa concentration en oxygène est faible.
Grâce à ces mesures d’oxygène, nous avons observé comment une masse d’eau jeune récemment formée au voisinage de l’Islande et circulant à 2 750 m dans un chenal profond, se mélangeait avec une masse d’eau plus ancienne sous l’action des courants de surface particulièrement énergétiques à cet endroit, explique Virginie Thierry. En outre, aucun des flotteurs n’a suivi la trajectoire à laquelle on s’attendait au vu des courants dominants. L’un d’entre eux a même mis en évidence l’existence d’une nouvelle route profonde qui n’avait jamais été observée directement.
De telles informations sont cruciales pour améliorer les modèles de projections climatiques.