Si le blanchissement des coraux n’est pas un phénomène nouveau, de récentes études ont mis en évidence le rôle de certaines algues dans leur fragilisation.
Alors que de nombreuses recherches portent sur l’interaction entre le changement climatique et les barrières de corail, ces récents travaux rappellent l’importance de tenir compte de l’ensemble des paramètres influant sur l’état de santé des écosystèmes pour la mise en place de stratégies de protection adéquates. En effet, bien que la prolifération d’algues soit présentée comme l’une des variables responsables du déclin des coraux, le mécanisme d’action n’avait jusqu’à présent pas été mis en évidence.
En étudiant l’interaction entre les populations d’algues et les coraux, les chercheurs Mark Ray et Douglas Rasher du Département de Biologie du « Georgia Institute of Technology », ont démontré un blanchissement des coraux suite au contact physique de ces derniers avec certaines espèces d’algues. Leurs expériences ont été réalisées sur des racks de coraux rendus disponibles grâce à des programmes de repopulation et de sauvegarde des barrières. En disposant différentes espèces d’algues sur ces coraux, les chercheurs ont étudié leurs effets sur des périodes de 2, 10 et 20 jours de contact et confirmé le blanchissement des coraux exposés et ce, dès deux jours après le début de l’expérimentation. Selon leurs résultats, 70% des espèces d’algues utilisées seraient toxiques pour les coraux porites espèces réputées résistantes parmi les différents coraux présents sur les barrières.
Ces expériences ont été conduites dans le Pacifique (près des îles Fiji) et dans la Mer des Caraïbes, et ont bénéficié de financements de la NSF (« National Science Foundation »), des NIH (« National Institute of Health ») et de la fondation de l’Institut des Technologies de Géorgie. Globalement, les deux localisations présentent les mêmes résultats, à savoir une mort des coraux lors de contact prolongé avec certaines espèces d’algues.
Les expériences menées dans le Pacifique ont identifié 5 à 7 espèces d’algues toxiques, alors que celles opérées dans la Mer des Caraïbes dénombraient de 3 à 8 espèces, selon les cas. Les chercheurs ont pu confirmer que le déclin des coraux était lié à un contact physique avec des toxines présentes sur les algues, le remplacement de la présence d’algues par l’application sur les coraux d’un gel intégrant les différents composés chimiques présents dans les algues induisant un blanchissement similaire des coraux.
Selon les chercheurs, ces résultats sont importants pour la protection des barrières de corail. En effet, si l’on tient compte du fait que seules certaines espèces de poissons permettent de contrôler la prolifération d’algues toxiques pour les coraux, alors les stratégies de protection des barrières devraient focaliser leurs efforts sur la protection des espèces concernées. Ainsi, la surexploitation des ressources marines peut avoir des répercussions indirectes, notamment en ce qui concerne le contrôle de la prolifération d’algues et leur contact éventuel avec les coraux.
Si de plus amples recherches sont nécessaires pour approfondir le lien entre la prolifération d’algues, le déclin des coraux et l’impact de variables extérieures telles que le changement climatique (pouvant résulter en une augmentation des températures et une acidification des océans), ces recherches mettent en exergue l’intérêt de recentrer les efforts sur une approche intégrée des ressources marines.
Source : BE Etats-Unis numéro 209 (28/05/2010) – Ambassade de France aux Etats-Unis
http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/63473.htm