Réchauffement climatique : le zooplancton migre vers les eaux plus froides

28/05/2019
Ce globigérinidé fait partie de la famille des foraminifères. Il mesure généralement entre 100 micromètre à 1 mm. © NOAA

Le plancton animal (zooplancton) a migré dans les eaux plus froides de l’hémisphère nord en raison du réchauffement climatique modifiant ainsi la chaîne alimentaire.

À cause du réchauffement climatique, les foraminifères de l'hémisphère nord ont migré dans les eaux plus froides © Alfred Wegener Institute for Polar and Marine Research

À cause du réchauffement climatique, les foraminifères de l’hémisphère nord ont migré dans les eaux plus froides © Alfred Wegener Institute for Polar and Marine Research

D’après une étude menée par des chercheurs allemands du Centre des sciences de l’environnement marin (MARUM) de l’Université de Brême et de l’Institut de chimie et de biologie de l’environnement marin de l’Université d’Oldenburg, les foraminifères, de minuscules zooplanctons unicellulaires à coquille de calcite, ont quitté leur aire géographique habituelle pour migrer vers des eaux plus froides.

Cette migration a débuté à la fin du 18e siècle avec la révolution industrielle et l’utilisation des énergies fossiles – charbon, pétrole, et gaz naturel -, accompagnant le développement économique de la planète et entraînant progressivement un réchauffement climatique global.

Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont comparé les sédiments de 3 774 communautés de foraminifères de l’ère pré-industrielle avec des échantillons de sédiments collectés depuis 1978 sur 33 sites distincts de tous les océans du monde.

Microfossiles de sédiments marins contenant notamment des foraminifères planctoniques (petits coquillages blancs) et des foraminifères benthiques (au centre de l’image) ©Hannes Grobe – Alfred Wegener Institute for Polar and Marine Research

Lukas Jonkers, Docteur en Micropaléontologie et en Paléo-océanographie (MARUM), coauteur de l’étude a déclaré :

« Ces organismes vivent dans la couche supérieure de l’océan et, lorsqu’ils meurent, leurs coquilles s’enfoncent dans le fond marin et sont conservées dans les sédiments.

En paléo-océanographie, ces coquillages fossiles fournissent des informations sur l’état passé des océans, mais ils peuvent bien sûr aussi fournir des informations directes sur les communautés d’espèces foraminifères passées. »

Lorsque les foraminifères meurent, leurs coquilles s'enfoncent dans le fond marin et sont conservées dans les sédiments © Ernst Haeckel - Kunstformen der Natur (1904)

Lorsque les foraminifères meurent, leurs coquilles s’enfoncent dans le fond marin et sont conservées dans les sédiments © Ernst Haeckel – Kunstformen der Natur (1904)

L’étude ne montre aucune extinction d’espèce mais une modification des écosystèmes marins et des habitudes alimentaires des foraminifères.

Michal Ku­cera, Professeur de Micropaléontologie et de Paléo-océanographie (MARUM), coauteur de l’étude a déclaré :

 « L’aspect inquiétant de l’observation est que dans de nombreuses régions de l’océan, les communautés planctoniques ont manifestement migré « dans des eaux étrangères ».

Là-bas, elles doivent s’adapter aux nouvelles conditions et, dans certains cas, reconstituer leur réseau alimentaire. « La question est de savoir s’ils peuvent le faire assez rapidement ou si le changement climatique progressera plus vite que les communautés ne pourront s’adapter. »

Le plancton marin est donc maintenant entré dans l’époque anthropocène, c’est-à-dire, l’ère géologique caractérisée par l’impact des activités humaines sur les grands équilibres de la planète.


Étude parue dans la revue Nature le 22 mai 2019


Pour en savoir plus sur le plancton marin, consultez notre dossier thématique !