Étudier l’importance et l’alternance des périodes glaciaires et interglaciaires qui ont rythmé le climat de notre planète afin de prévoir les changements climatiques futurs, est l’une des ligne de visées principale du projet ANDRILL (Antarctic Geological Drilling), qui a pour support les sédiments marins.
Afin de consulter efficacement ces « archives climatiques », il est cependant nécessaire, comme pour toute recherche généalogique, de « s’y plonger ». Au sein du projet ANDRILL, 50 chercheurs et techniciens de différentes nationalités (Allemagne, Italie, Nouvelle-Zélande et États-Unis), viennent ainsi d’initier, en Antarctique, le forage de couches de sédiments situés à 390 mètres de profondeur. Le forage ANDRILL de l’année 2006 a déjà permis d’effectuer une remontée dans le temps de quelques 13 millions d’années (actuel record pour le Pôle sud). L’objectif est maintenant de repousser cette limite en explorant les évènements climatiques qui se sont produits 5 millions d’années auparavant lorsque les températures étaient encore plus élevées.
Si la précédente tour de forage était installée sur un « ice-shelf » d’une confortable épaisseur de 80 mètres, celle qui vient de prendre sa succession se trouve en position plus délicate supportée par seulement 8 mètres de glace. C’est à l’aide de flotteurs disposés sous la glace par une équipe de plongeurs que le soutien de cette structure va pouvoir être pleinement assuré. Une fois ce défi technique surmonté, le compte à rebours peut alors commencer pour cette expédition. Les scientifiques espèrent ainsi récolter une carotte sédimentaire dont la longueur est de l’ordre du kilomètre avant début décembre. A cette période, la tour de forage devra, en effet, être démontée, la hausse sensible des températures ne permettant pas à cette structure de prolonger son séjour sur la glace.
Grâce aux informations multiples que livreront ces archives sédimentaires, les chercheurs pourront retracer l’histoire des évènements climatiques en remontant jusqu’à près de 20 millions d’années. Une importance particulière sera accordée à l’étude de l’étendue des « ice-shelfs », lors des différentes périodes glaciaires et interglaciaires. Ces derniers correspondent à d’immenses plates-formes de glace s’étalant sur l’océan Austral, dans le prolongement de « l’inlandsis », continent recouvert de glace. La fonte des « ice-shelfs » mobilisant également la glace du continent, cet évènement concourt ainsi doublement à alimenter l’eau de mer et à augmenter le niveau de cette dernière. Une connaissance de l’étendue des « ice-shelfs » lors des périodes chaudes de l’histoire de notre climat permettra donc d’obtenir un éclairage sur les conséquences des évènements climatiques actuels sur le niveau de la mer.
Par ailleurs, dans le cadre du projet ARISE (ANDRILL Reasearch Immersion for Science Educators) 9 professeurs, appartenant aux 4 nationalités impliquées dans l’expédition ANDRILL, se sont joints à celle-ci dans le but de sensibiliser les écoliers à la recherche polaire et aux changements de notre climat. Parmi ces enseignants, le Dr. Rainer Lehrmann d’Hanovre, coordonne le projet « Coole Klassen » auquel participent également 130 professeurs de toute l’Allemagne.
Source : BE Allemagne numéro 358 (24/10/2007) – Ambassade de France en Allemagne / ADIT –
http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/51559.htm