Le robot, nommé le Benthic Rover, vient de terminer son parcours d’une quarantaine de kilomètres au fond de l’océan au large des côtes californiennes. Il est le résultat de quatre années d’études effectuées par une équipe du MBARI (Monterey Bay Aquarium Research Institute), dirigée par l’ingénieur Alana Sherman et le biologiste marin Ken Smith.
De la taille et du poids d’une petite voiture, ce robot se déplace très lentement sur le sol marin, prenant des photos des animaux et des sédiments qu’il croise sur son chemin. Tous les 3 à 5 mètres le Rover s’arrête pour effectuer une série de mesures afin d’évaluer la communauté d’organismes présents dans les sédiments. Ces mesures devraient permettre de mieux appréhender un phénomène encore incompris des scientifiques : comment ces animaux qui vivent dans des conditions extrêmes peuvent trouver suffisamment de nourriture pour survivre. En effet, une grande partie de cette faune se nourrit de particules de débris organiques (neige marine), qui proviennent de la surface, s’enfoncent lentement vers le sol marin. Cependant après plusieurs décennies de recherche, les biologistes sont restés incapables d’expliquer comment une si petite quantité de nourriture pouvait faire vivre une telle quantité d’organismes présents dans et sur le sol.
Le Benthic Rover, a été doté de deux chambres expérimentales appelées « Benthic Respirometers » qui sont, lors des mesures, enfoncées de quelques centimètres dans le sol marin. Ceci afin d’analyser comment l’oxygène est consommé par les organismes présents dans les sédiments. Par la suite, les résultats obtenus sont utilisés pour calculer la quantité de nourriture consommée. De plus, des détecteurs optiques installés sur le Rover, scannent le sol afin de modéliser le déplacement des particules organiques déposées récemment, en provenance de la surface.
L’une des difficultés majeures du projet a été la conception d’un robot capable de supporter des pressions de plus de 420 kg au mètre carré. Pour y parvenir, les composants électroniques et la batterie ont été placés dans des sphères en titane. Pour garder le Rover à la surface du sol et éviter qu’il ne s’enfonce dans la boue, les ingénieurs ont également ajouté de larges blocs jaunes de mousse flottante. Cette mousse donne au robot un poids de seulement 45 kg sous l’eau alors qu’il pèse près de 1400 kg à l’air libre.
Dans sa configuration initiale, le robot est conçu pour opérer sur batterie, sans intervention de l’homme. Cependant, lors de son parcours d’un mois cet été au large de la Californie, le Rover a été relié en permanence par une longue corde à un laboratoire sous-marin récemment construit. Ce laboratoire nommé Monterey Accelerated Research System (MARS), a fourni de la puissance au robot, ainsi qu’un lien pour transmettre les données à un taux élevé. Selon Sherman, « Habituellement, lorsque nous déployons le Rover, nous avons peu, voire pas du tout de communication avec le véhicule. Nous le lançons par-dessus bord, croisons les doigts, en espérant qu’il fonctionne ». Mais lors de cette expérience, la connexion au laboratoire a permis aux chercheurs du MBARI de suivre les performances du Rover et de voir ses données, vidéos, et images en temps réel.
L’année prochaine, l’équipe espère envoyer le Rover sur un site à 220 km des côtes. Ils laisseront le Rover couler sur près de 4000 mètres avant d’atteindre le sol, où il prendra des mesures de façon autonome pendant 6 mois. L’équipe aimerait aussi expérimenter le Rover en Antarctique pour étudier l’unique écosystème présent là-bas. Le Rover pourrait aussi être relié à un laboratoire en eau profonde encore en projet, à quelques centaines de kilomètres au large de l’Etat de Washington. Enfin, ce Benthic Rover aide également les chercheurs à étudier les effets du changement climatique dans l’océan, grâce au suivi de la faune présente dans les profondeurs.
Source : BE Etats-Unis numéro 178 (25/09/2009) – Ambassade de France aux Etats-Unis / ADIT
http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/60627.htm